L'avantage de mon existence hors des commodités de la modernité, c'est que
je prends les choses comme elles sont sans chercher à les changer. La nature
m'offre ce quelle m'offre, ni plus ni moins. Je ne refuse rien et dis merci à
tout. J'accepte les caresses des saisons autant que leurs morsures.. Je ne
m'occupe guère de savoir si l'eau de la rivière est tiède ou glacée : je m'y
baigne été comme hiver. Si elle est douce, j'en suis content. Si elle est gelée,
je ne m'en plains pas. Dans les deux cas j'en ressors toujours propre et
satisfait.
Moins il y a de confort, plus la vie est simple.
La cendre me sert de savon et le vent de serviette. Qu'ai-je besoin de
salle de bain ? De murs pour mes ablutions ? D'ampoules électriques pour y voir
clair ? De robinetterie pour me mouiller la peau ? De radiateurs pour chauffer
ces inutiles artifices ? Le résultat est exactement le même sans ces convenances
superflues. Peu importent les moyens employés, du moment que je suis lavé, frais
et bien séché, le reste est sans importance.
Je ne fais pas le difficile, la rudesse de mes moeurs m'éloigne des
vacuités de la civilisation tout en me rapprochant des joies de
l'essentiel.
Lorsque la pluie arrose la forêt sans discontinuer du matin au soir,
qu'est-ce qui m'empêche de sortir ? Absolument aucun obstacle, nulle cause
majeure, pas la moindre raison. Bottes, manteau et chapeau me suffisent. Pas un
orage ne m'arrête et surtout pas l'inoffensive averse qui ne fait que couler sur
ma coiffe de paille.
Qu'est-ce qu'une douche issue des nuages ? Juste une rigolade. Je devrais
donc avoir peur des précipitations, de l'intempérie, des flots et des flux, de
l'air et de la flotte au point de me calfeutrer chez moi en attendant que
passent ces fracas parfaitement insignifiants ? Il faudrait impérativement que
je me protège de la grêle, de la neige, du crachin, de la brume ? Et pourquoi
pas de la brise et de la rosée ? Qu'il pleuve ou qu'il vente, le ciel ne me
tombe pas sur la tête pour autant !
Que d'histoires faites en ville pour ces bêtises !
Loin de ces sottises, je demeure intègre dans mon trou préservé de
sanglier. En restant au fond des bois, je me sais à l'abri de ces
stupidités.
Et, indifférent aux idioties citadines, je marche à travers les sentiers
(qu'ils se retrouvent trempés ou poussiéreux), entre les arbres (qu'ils soient
secs ou aspergés), sous les nues (qu'elles se montrent sombres ou lumineuses),
sans jamais me laisser polluer l'esprit avec les fadaises en vogue, libre et
heureux.
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