Les buissons abritent bien des vies cachées, pense-t-on.
Des bêtes s'y terrent. Certaines, fuyardes, y trouvent opportunément
refuge. D'autres, des habituées, y nichent durablement. Des intrus éphémères s'y
attardent même... Toute une faune y gîte. Si l’esprit curieux observe bien, il y
verra des formes bouger, des ombres passer, des êtres s'animer.
Mais ça, c'est du folklore.
En réalité, la plupart du temps nul n'y distingue strictement rien. Dans
ces tas de feuilles denses, parfois impénétrables, on ne découvrira que du vent.
Il est rare de tomber sur un hérisson, un lapereau, un mulot. Voire sur un
squelette d'un de ces animaux. Et c'est précisément pour cette raison que je
m'aventure souvent à chercher l'improbable dans ces haies sauvages : pour y
dénicher, une fois sur mille, un trésor, une surprise, un miracle, une
merveille.
Entre tout et rien dans de tels trous, il y a une infinité de choses à se
mettre sous la main.
C'est ainsi qu'un beau jour, m'agenouillant comme à l'accoutumée pour
fouiller sans trop y croire un de ces endroits propices, au lieu des habituelles
épines et sempiternels déchets végétaux, mes doigts fureteurs rencontrèrent un
corps métallique de la taille d'une boîte à biscuits. Et c'en était d'ailleurs
une !
Lourde, hermétiquement close, scellée avec de la cire coulée contre la
bordure du couvercle, ce n’était certes pas une découverte anodine ! La rouille
tout autour indiquait que cet objet gisait là depuis des lustres. Je décidai de
le ramener chez moi pour en vérifier le contenu au calme. Une fois rentré, non
sans l'avoir maintes fois soupesé sur le chemin du retour, assis à ma table, je
l'ouvris lentement, le coeur battant.
Je m'attendais à de l'or, c'était de la ferraille.
Des boulons, des vieilles clés, des pièces de monnaie anciennes sans aucune
valeur. Il y avait également des portraits jaunis d'hommes et de femmes,
enchâssés dans des cadres aux verres brisés. Cela datait vraisemblablement du
début du vingtième siècle à en juger par le style et les physionomies. Ces
visages d'une époque lointaine respiraient la tristesse et l’ennui.
Mais qui donc a eut l'idée saugrenue de rassembler ces souvenirs dérisoires
dans ce fragile coffre improvisé pour le déposer aléatoirement là où je l'avais
trouvé ? L'oeuvre d'un fou ? D'un désespéré ? D'un original ?
Et puis, que faire de cette trouvaille ?
Je ne réfléchis pas bien longtemps. Finalement, j'allai jeter à la rivière
ces misères sans intérêt qui, au regard de ma solitude sublime et joyeuse, ne
méritaient que l'oubli.
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