Je fus réveillé en pleine nuit par des bruits inhabituels.
Le reste de braise dans la cheminée finissait de s'éteindre, dehors les
ténèbres écrasaient la forêt comme une masse impalpable, le ciel couvert et la
brume accentuant lourdement l'obscurité.
Je tendis l'oreille.
Je ne me trompais pas : j'entendais assurément des agitations à
l'extérieur.
Même si cela restait assez confus, j'avais l'impression qu'on allait et
venait autour de ma demeure.
Je crus réellement percevoir des effleurements contre mes volets, des pas
furtifs sur l'herbe, des heurts légers contre ma porte. Cela ne durait pas
longtemps, puis après un moment de répit, les bruissements reprenaient.
Précisons un détail important : l'absence totale de vent qui aurait pu expliquer
l'origine de ces mouvements nocturnes.
Je pensais donc avoir affaire au passage de grands animaux tels que cerfs
ou chevreuils... Voire des sangliers. J'allai vérifier par la fenêtre,
discrètement. Je ne remarquai rien. Ni à proximité des murs de ma maison ni aux
alentours. Le silence était revenu, le calme régnait.
Je me rendormis bien vite. Trente minutes environ passèrent.
Des coups sourds me firent sursauter en plein rêve ! Cette fois les sons,
plus forts que les précédents, clairement perceptibles, ne prêtaient guère à
confusion... Ils provenaient de tout près. Il y avait de toute évidence des
activités tout proche de mon logis !
Là encore je voulus en avoir le coeur net. Je sortis sur le seuil de mon
refuge et, à la lueur de ma chandelle, scrutai attentivement les lieux. Je me
risquai même à pousser l'exploration un peu plus loin, allant jusqu'à faire
consciencieusement le tour de la propriété.
Mais je ne vis pas la moindre bête, nulle présence, aucun intrus.
Dubitatif, inquiet, incrédule, je demeurai quelques instants sur place, à
l'affût de toute anomalie, attendant l'éventualité d'un événement
extraordinaire, prêt à affronter je ne sais quelle ombre, quel être ou quelle
chose...
Mais je me trouvai seul, debout au pied de mon habitation, sans explication
quant à la source de ce raffut. je cherchai des traces sur le sol, des
empreintes, des marques laissées par des visiteurs, des plumes d'oiseaux, de la
végétation écrasée... Tout semblait parfaitement normal et paisible.
Je dus admettre l'impensable : pas de signe de vie ! Alors que venait-il de
se passer ?
Jamais je ne le sus.
Alarmé par les faits mais vaincu par les apparences, je me recouchai.
Le lendemain à la lumière du jour j'allai tout revérifier avec minutie, en
vain.
Je dus me faire à l'idée que le mystère faisait purement et simplement
partie intégrante de mon existence de solitaire retiré du monde.
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