La pluie, intense et durable depuis le matin, inonde la forêt en cette
après-midi d'âpre solitude. Loin de m'ennuyer, ce spectacle me galvanise.
Les flots s'abattent sur mon toit, j'entends comme un geyser au-dessus de
ma tête. Ce fracas des eaux m'enflamme.
Je ne vais pas demeurer plus longtemps à l'abri, je veux à présent profiter
pleinement de l'averse. Je souhaite affronter la glace du ciel et le feu de la
poésie. Entre brutalité et douceur. Je me déshabille et sort entièrement nu sous
le torrent pluvial.
Le choc me tétanise un instant. Puis, peu à peu mon corps
s'acclimate.
Le ruissellement de l'onde
contre ma peau m'électrise.
Je me dirige alors vers le bec de la gouttière qui déverse une écume
bouillonnante. Je me place exactement sous ce jet pour y recevoir le farouche
baptême que mérite tout ascète de mon espèce. Pour ne pas dire
misanthrope...
Et je prends la plus terrible douche de ma vie.
Je ressors quelques minutes après, titubant, assommé. Délicieusement enivré
par ce coup de massue hygiénique.
Je rentre dans ma masure, détendu, pour me sécher. Mais ne prends pas la
peine d'allumer une flambée, bien au contraire. Je m'étends simplement sur mon
lit, encore mouillé. Et, en attendant la tombée du jour, allongé sur ma couche,
je me plonge dans un livre avant de m'endormir bien vite.
A mon réveil, l'ombre du crépuscule et la paix du soir approchant ont
remplacé la fureur de l'intempérie.
Je suis reposé, toujours aussi seul, heureux, et une grande sérénité règne dans mon foyer.
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