L'âtre peu à peu s'éteint, il est tard, je suis las.
Dehors les ténèbres imprègnent la forêt, il est temps d'aller me coucher.
Je m'endors assez vite, bercé par les vagues silencieuses de la nuit, voguant
dans cet océan d'arbres et de solitude.
Dans mon voyage statique vers les rêves, je me sens protégé par la vaste
obscurité entourant ma demeure.
Un cri me réveille en plein sommeil, tout proche de ma fenêtre.
C'est un hibou, rien d'inquiétant. J'entends si bien l'écho de cet animal à
la fois taciturne et charmant, il est tout près... Et je pense qu'il cherche à
nicher chez moi ou dans quelque tronc creux à proximité.
Je me rendors paisiblement, emporté par le hululement de l'oiseau comme par
une aile nocturne. Continuant son concert solitaire tandis que je me suis
rassoupi, il emplit bientôt tout l'espace de son mystère, redoublant ses appels
vers je ne sais quel auditoire.
Et, une fois encore, je sors de ma léthargie.
Invisible mais bien présent à travers ses "Hou ! Hou !" si
caractéristiques, l'intrus s'obstine à hanter les lieux. Et je me réjouis de
cette compagnie impromptue venue enchanter ma tanière nuitamment.
Finalement, séduit par la prestation scénique de ce spectre à plumes dans
son théâtre sylvestre, je décide de rester éveillé afin d'assister à son numéro
lugubre et beau. Seul auditeur de ce spectacle sonore, je frémis délicieusement
en écoutant les sons occultes de la bête.
Le volatile perché quelque part au-dessus de mon toit veille ainsi jusqu'à
l'aube, peuplant mes heures d'insomnie de mémorables fantasmagories.
Lorsque je me lève, fatigué mais ravi, je n'espère qu'une chose : que cet
aimable fantôme revienne chaque soir se poser sur mon pauvre logis.
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